ENO (European Network Outsourcing) v2: le Comité de Groupe Européen d'Orange creuse le dossier
Rédigé par Nathalie Valcroze le . Publié dans Comité Groupe Europe+Monde.
[French version here/English version below]
Dans le cadre du Comité de Groupe Européen extraordinaire d'Orange des 17 et 18 octobre à Paris, la Direction du Groupe a inscrit un point à l'ordre du jour relatif au projet ENO 2, présenté par Friedel Kehne, Directeur des Opérations Réseaux.
Le projet ENO 2 est présenté au Comité de Groupe Européen dans la perspective de l’arrivée à terme des contrats de sous-traitance qu’Orange avait conclu pour 4 ans avec Ericsson, et relatifs aux prestations de supervision et de maintenance de son réseau sur les territoires de 5 pays européens: l'Espagne, la Belgique, la Slovaquie, la Roumanie et la Moldavie.
Par ces premiers contrats passés respectivement entre janvier et novembre 2014, Orange avait externalisé ses activités de supervision (c’est-à-dire de contrôle en vue de la détection des pannes et dysfonctionnements) et de maintenance (interventions opérationnelles sur site) et les avait confiées à Ericsson. Les personnels d’Orange chargés en interne de ces activités avaient été, pour une grande majorité d’entre eux, transférés à Ericsson.
La décision que doit prendre la Direction, dans les toutes prochaines semaines pour l’Espagne, dont le contrat arrive à échéance fin avril, et dans les prochains mois pour les 4 autres pays concernés, porte sur le renouvellement du contrat d’Ericsson.
Outre celui du renouvellement pur et simple des contrats en cours, la Direction a envisagé un scénario alternatif. Tous deux sont présentés au Comité de Groupe Européen dans le cadre d’une procédure d’information-consultation. Sur ce point de procédure, il convient de rappeler que le sujet ENO2 avait fait l’objet d’une présentation au Comité de Groupe Européen le 29 novembre 2017 à Bruxelles, puis évoqué à nouveau le 29 mai 2018 à Stockholm, et qu’une demande formelle de consultation sur le projet avait été exprimée par les membres du Comité en séance plénière du 29 mai dernier à Stockholm, alors même que la Direction n’avait envisagé qu’une simple information.
La Direction a par la suite réuni le Comité de Groupe Européen aux fins d’émettre un avis lors de la séance extraordinaire organisée les 17 et 18 octobre derniers. La présentation du sujet a débuté par un bilan rapide de l’exécution des contrats dits « ENO1 » sur les différentes géographies. La Direction estime, sans apporter de données nouvelles en termes de KPI par rapport à novembre 2017, que la qualité de service est améliorée sur les territoires où l’externalisation a été effective. Les informations communiquées ne contiennent aucune information tangible permettant au Comité de Groupe Européen de se faire une opinion par lui-même. Elle confirme également que les économies réalisées sont conformes aux prévisions. L’opération qui pèse sur la période plus de 700 M€ est appréciée a posteriori essentiellement sous l’angle économique.
Les scénarios présentés sont au nombre de deux, après qu’ait été écarté celui d’une ré-internalisation des activités sous-traitées, jugé non viable, là encore sans élément permettant au Comité de Groupe Européen d'apprécier ce choix. Le premier scénario consiste à renouveler les contrats en cours avec Ericsson ou avec un nouveau prestataire unique responsable de l’intégralité du périmètre. Ericsson reste en lice pour ce scénario.
La poursuite des contrats en cours n’aurait aucun impact nouveau, selon la Direction, sur les salariés d’Orange. En cas de choix d’un prestataire autre qu’Ericsson, les personnels chargés de ces activités pourraient soit être transférés chez le nouveau prestataire, soit courir le risque d’être licenciés. La Direction évoque sur ce point la responsabilité morale d’Orange.
Le second scénario consiste à conserver un prestataire unique pour les prestations de supervision et à confier les interventions dans chaque pays à un sous-traitant local. Ce dernier scénario conduirait à un pilotage des activités par les filiales locales d’Orange et nécessiterait donc de mobiliser des ressources humaines sur ces activités de pilotage des sous-traitants. Ce scénario aurait pour effet d’accroitre la charge de travail en interne chez Orange, avec de potentiels effectifs supplémentaires à la clef.
Un scénario complémentaire se dessine consistant à désolidariser l’Espagne du projet global en confiant l’ensemble du spectre des activités à un prestataire local. Ce scénario réduit d’évidence les économies d’échelles susceptibles d’être réalisées.
A ce stade la Direction confirme que la décision n’est pas prise et déclare qu’elle sollicite notre avis et attend de nos échanges un réel éclairage en vue de faire un choix.
Les questions des élus ont été particulièrement nombreuses, une forte proportion d'entre eux s’étant exprimés individuellement sur le sujet, que ce soit de manière globale ou pour leur propre géographie, mais avec des préoccupations convergentes.
De manière générale, les élus ont considéré qu’ils n’étaient pas à même, en séance, d’émettre un avis sur la base des seules informations communiquées par la Direction. A minima les élus sollicitent pour se prononcer que soient présentés les avantages et les risques de chaque scénario sous forme de matrice.
Le débat a largement porté sur les activités externalisées et les compétences qui y sont rattachées.
La définition précise des activités et des compétences affectées par l’opération d’externalisation, de l’avis de tous les élus qui se sont exprimés, fait défaut. La réponse de la Direction, selon laquelle seules des activités qui correspondent à des tâches simples sont externalisées, n’a pas convaincu les élus faute d’éléments factuels.
Les élus ne se satisfont pas de la réponse de la Direction selon laquelle le projet ENO2 ne modifie pas le périmètre des activités externalisées. Ils demandent que le principe même soit réexaminé et que le risque en terme de perte de compétences en interne sur le cœur de métier d’Orange soit analysé, notamment au regard de la nouvelle technologie de la 5G et du déploiement de la fibre. Les élus ont clairement exprimé qu’Orange doit maintenir en interne toutes les compétences « cœur de métier » concernant la supervision et la maintenance des réseaux, et en particulier la maîtrise des technologies adaptées pour réaliser ces tâches, au sein desquelles automatisation et IA (Intelligence Artificielle) prennent de plus en plus de place. Il en va de la qualité de service comme de nos capacités de différenciation.
Les élus ont également souligné qu’Orange ne devait pas devenir dépendante de ses sous-traitants.
A l’aune de ce réexamen, les élus demandent que le scénario de la ré-internalisation des activités, rapidement écarté, soit approfondi et présenté au Comité de Groupe Européen lors de la prochaine réunion plénière du 7 novembre 2018 à Nice.
Les élus ont également demandé que des informations soient communiquées sur ce qu’il est advenu des anciens salariés d’Orange transférés chez Ericsson. Combien de temps les contrats ont-ils été maintenus ? Quelles sont leurs conditions de travail ? Travaillent-ils exclusivement pour le réseau d’Orange ou également pour d’autres opérateurs ? Aucun bilan n’a été fait à cet égard, alors même que c’était le sujet de préoccupation principal des élus du Comité de Groupe Européen lors de la mise en place d’ENO1.
Enfin, les élus regrettent que le critère de la réduction de la masse salariale apparaisse déterminant dans la prise de décision. Une liste de questions complémentaires, établie lors de la séance de débriefing du 18 octobre, a été adressée à la Direction en vue du prochain Comité de Groupe Européen à Nice.
[English version]
As part of the Orange European extraordinary Works Council meeting on October 17th and 18th in Paris, the Group Management has included an item on the agenda for the ENO2 project, presented by Friedel Kehne, Director Network Operations.
The ENO 2 project is presented to the European Works Council in view of the expiry of the subcontracting contracts that Orange has concluded for 4 years with Ericsson concerning the services of supervision and maintenance of its network in the territories of 5 European countries, namely: Spain, Belgium, Slovakia, Romania and Moldova.
Through these first contracts between January and November 2014 respectively, Orange outsourced its supervision (i.e. control for fault detection and malfunctioning) and maintenance (on-site operational interventions) activities and had entrusted to Ericsson. The Orange staff that was in charge of these activities was, for the vast majority of them, transferred to Ericsson.
The decision to be taken by the Management, in the next few weeks for Spain, whose contract expires at the end of April, and in the coming months for the 4 other countries concerned, concerns the renewal of the Ericsson contract.
In addition to the outright renewal of current contracts, Management has considered an alternative scenario. Both are presented to the CGE as part of an information-consultation procedure. On this point of procedure, it should be recalled that subject ENO2 was presented to the CGE on November 29th, 2017 in Brussels, and then again on May 29th, 2018 in Stockholm, and that a formal request for consultation on the draft had been expressed by the members of the Committee in plenary session of May 29th in Stockholm, even though the Group Management had only considered informing the Committee.
Management subsequently invited the GEC to provide an opinion at the special meeting held on October 17 and 18, 2008. The presentation of the subject started by a rapid assessment of the execution of contracts known as "ENO1" on the different geographies. It estimates, without providing new data in terms of KPIs compared to November 2017, that the quality of service is improved in the territories where outsourcing has been effective. The information provided does not contain any tangible information allowing the CGE to form an opinion on its own. It also confirms that the savings achieved are in line with expectations. The transaction, which weighs more than € 700 million over the period, is valued a posteriori essentially from the economic point of view.
The scenarios presented are two in number after being rejected, without any comment that of a re-internalization of subcontracted activities deemed unsustainable, again without any element allowing the CGE to understand why. Scenario 1 involves renewing existing contracts with Ericsson or with a new single provider responsible for the entire scope. Ericsson remains in contention for this scenario.
The continuation of the contracts in progress would have no new impact, according to the Management, on the employees of Orange. If a provider other than Ericsson is chosen, the staff responsible for these activities could either be transferred to the new provider or run the risk of being made redundant. The Management mentions on this point the moral responsibility of Orange.
Scenario 2 is to retain a single provider for supervision and to assign interventions in each country to a local contractor. This last scenario would lead to a management of activities by Orange's local subsidiaries and would therefore require the mobilization of human resources on these subcontractor piloting activities. This scenario would have the effect of increasing the workload internally at Orange, with potential additional staff at the key.
A complementary possibility is emerging, consisting of separating Spain from the global project by entrusting the entire spectrum of activities to a local service provider. This scenario obviously reduces the economies of scale that can be achieved.
At this stage the Management confirms that the decision is not taken and declares that it seeks our opinion and expects from our exchanges a real lighting in order to make a choice.
The questions of the elected representatives were particularly numerous, a large proportion of the elected representatives having expressed themselves individually on the subject either globally or for their own geography, but with convergent concerns.
In general, the European Works Council members considered that they were not able, in session, to issue an opinion on the basis of the only information provided by the Management.
The elected representatives are not satisfied with Management's response that the ENO2 project does not change the scope of outsourced activities. They ask that the principle itself be reconsidered and that the risk in terms of loss of internal expertise on the core business of Orange be analyzed, particularly with regard to the new technology of the 5G and the deployment of fiber. The Management's response, according to which only activities that correspond to simple tasks are outsourced, did not convince the Council members for lack of factual elements. They have clearly expressed that Orange must maintain internally all the "core business" skills concerning the supervision and maintenance of the networks, and in particular the mastery of appropriate technologies to perform these tasks, in which automation and AI (Artificial Intelligence) take more and more space. So is the quality of service and our differentiation capabilities. The European Works Council members also stressed that Orange should not become dependent on its subcontractors.
In the light of this re-examination, the European Works Council demands that the scenario of the re-internalization of activities, quickly dismissed, be deepened and presented to the Committee at the meeting of November 7th and 8th in Nice. The Coucnil members also requested that information be provided on what happened about the future of Orange employees transferred to Ericsson, particularly regarding their working conditions. How long were the contracts maintained ? What are their working conditions ? Do they work exclusively for the Orange network or also for other operators ? No assessment has been made in this regard, even though this was the main concern of the elected representatives of the CGE during the establishment of ENO1.
Finally, the elected representatives regret that the criterion of the reduction of the wage bill appears to be decisive in the decision-making A list of follow-up questions from the October 18th debriefing session has been sent to the Management for the next European Works Council session on November 7th and 8th.
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