Il y a quasiment deux ans jour pour jour, nous nous interrogions quant à l'avenir du paysage des télécommunications sur le périmètre européen (lire notre article du 10 juillet 2012), tant apparaissaient de manière évidente les premiers signaux d'une nécessaire consolidation du secteur en Europe, géographie sur laquelle les activités sont extrêmement fragilisées et principalement à cause d'une fragmentation excessive de ses acteurs.
Ce mercredi 2 juillet, la Commission européenne a donné son autorisation au rachat en Allemagne de la filiale de l'opérateur néerlandais KPN, E-Plus, par celle de l'opérateur espagnol Telefonica, Telefonica Deutschland (lire le communiqué de presse de la Commission européenne IP/14/771). Le même jour, elle donnait également son feu vert à l'opération de rachat en Espagne de l'opérateur ONO par Vodafone, favorisant ainsi la naissance d'un acteur convergent des télécommunications espagnoles (lire le communiqué de presse de la Commission européenne IP/14/772), similaire à la récente opération de Numéricable sur SFR en France en avril dernier.
Certes, ces deux nouveaux mouvements de consolidation s'inscrivent dans la continuité de celui amorcé en décembre 2012 par la cession en Autriche de la filiale d'Orange, ex-One, à l'opérateur H3G, filiale du Chinois Hutchison Whampoa Limited (lire le communiqué de presse de la Commission européenne IP/12/1361). Mais si la Commission européenne, par la voix de son Commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia, reconnaît quelques erreurs dans la manière dont s'est réalisée la concentration du secteur des télécommunications en Autriche, assurant qu'elle renforcera désormais les concessions à obtenir des acquéreurs, elle envoie surtout un signal positif au marché européen, ne s'opposant plus systématiquement à l'idée d'une réduction du nombre des opérateurs dans les pays membres de l'Union européenne. S'agissant de la création de grands champions aptes à servir le marché unique européen, des divergences subsistent entre l'Exécutif européen, qui souhaite la disparition rapide des coûts d'itinérance, et les opérateurs qui recherchent d'abord la consolidation nationale du secteur dans les pays où ils sont présents.
Dans un contexte de concurrence exacerbée, et alors que de grands mouvements de consolidation des opérateurs de télécommunications s'amorcent en Europe, la CFE-CGC s'inquiète de l'immobilisme du Groupe Orange dans le jeu d'acteurs, face à ses grands concurrents européens que sont Deutsche Telekom, Telefonica et Vodafone. Avec un ratio "dette nette/EBITDA" à 2.7 s'étant dégradé ces derniers mois à cause de la contraction de son chiffre d'affaires sur certains de ses marchés, en persistant contre toute logique de responsabilité à verser des dividendes supérieurs aux bénéfices nets réalisés (lire notre article du 26 mai 2014 relatif à l'AG ordinaire du Groupe), Orange fragilise sa capacité à anticiper de tels mouvements et se place chaque jour un peu plus dans une posture de proie potentielle plutôt que de prédateur aguerri...